dimanche 24 mai 2015

Première tentative du Canigou - Pyrénées - 20-21 Mai 2015


Ah, ça va être sérieux tout ça, je le sens !


Mercredi 20 Mai 2015

              Départ 6h30 de la maison. Pas très bien, car Coquine, mon chat, n’est pas en forme. Je ne suis pas certaine de la retrouver en rentrant, je le sens, et lui souffle un « au revoir, je t’aime mon chat » bien pathétique pour vous, mais qui me fait du bien.
                7h30, on décolle de chez Miche, direction les Pyrénées Orientales.
                Je suis heureuse de partir, bien sûr, mais j’ai la boule au ventre. D’abord Décathlon qui, après une promesse de CDI depuis plusieurs mois, me dit non la veille de le signer, et puis ce chat qui m’accompagne depuis mes huit ans. Bon. Je tente quand même d’oublier mes soucis même s’ils pèsent lourds. Ah… ce boulot qui me file entre les doigts après tant de mois de promesses, de « peut-être », de « si », de concession, de sacrifice… ça me mine carrément le moral. Et quand je mets mon sac à dos de 17kg à Vernet-les-Bains, je me dis que décidément, ça fait lourd, tout ce poids !
                 Il est 11h15 quand on quitte le parking après avoir discuté avec un monsieur qui veut savoir d’où on vient et où on va. Il nous raconte que les secours ont du aller chercher un homme en début de semaine, car il s’était aventuré en tee-shirt et short dans la montagne. Les fous ne sont pas tous enfermés.





   On prend la route qui monte doucement de 691m à Casteil à 797m. Je rage contre moi-même car j’ai oublié la batterie de mon appareil photo à la maison. Le départ s’est fait d’une manière un peu « dévariée ». Heureusement que je m’en suis aperçue avant de partir, j’ai ainsi pu gagner 1kg. « A toute chose malheur est bon », hein ?
   De Casteil, nous quittons la route routière après une petite église sympathique vers l’Abbaye de Saint-Martin du Canigou. Nos pieds chaussés des lourdes chaussures de marches tapent lourdement sur le chemin en béton qui s’élève rapidement dans les montagnes. Je bois à une source près d’une autre église. Ça fait du bien, mais j’ai l’impression que l’eau a le goût de l’odeur : la vase. Mmh, miam.




    Enfin, l’abbaye, à 1055m. Paisible, avec de vrai « nones », habillées comme il faut et tout. En posant mon pied pour en refaire les lacets sur un banc accolé au monument, j’entends s’échapper d’une fenêtre ouverte des chants religieux. Je ne suis pas du tout un fan de la religion chrétienne, mais je dois dire que là, ça a le mérite de calmer mon esprit un peu chamboulé. Les bienfaits de la religion, je suppose. Il en faut.
                Le paysage est magnifique. Les sommets, au loin, sont tous recouverts de neige. Les nuages blancs s’accrochent aux cimes, et on se demande s’il ne neige pas, là-bas.
                Après le petit point de vue, il est temps de reprendre le chemin, un vrai, de roches, terres, racines, poussières et pierre. Ça grimpe plutôt fort, cet endroit. Un panneau indiquait « chemin vers…(je ne sais plus), à vos risques et périls ». Huhu. Ils sont drôles ces religieux.





On passera à cette tour dans trois jours !
On s’élève donc dans le Vallon de l’Avet Gros et on pique-nique aux environs de 1350m, à l’ombre. Avant de manger, on pose les sacs pour escalader un amas de rocher qui nous élève encore de, disons trente mètre. Mais je suis nulle pour les distances.
En tout cas, de là-haut, on voit toute la vallée qui abrite Vernet-les-Bain. On a déjà fait un bon bout de chemin, mine de rien ! D’étranges nuages de poussière jaune montent vers nous. Poussière de fée, fumée ? Plus probablement du pollen. Aïe les allergies… !
                Après le repas et une grande question : la peau de la banane… on emporte, ou on enterre ? (Cette-fois-ci, j’ai enterré… mais je vais faire mes recherches pour la prochaine fois !), on reprend notre chemin. Dur, sur la digestion ! On arrive à Cicerola, un bien bel abris qui donne envie de faire des grillades avec des amis.
Cabane de Cicerola, et équilibre jambes-battons-sac





Salami la Salamandre

   On redescend un peu pour passer un ruisseau… quelle surprise quand je manque d’écraser une petite Salamandre ! Enfin, petite… moi, c’est la plus grosse que j’ai pu voir à ce jour. Je pense à Axel, mon frère, qui aurait bien été content ! nous aussi, on l’est : ça nous fait un pause, et on est heureux de voir un truc vivant qui sorte de l’ordinaire. Les joies de la rando !
                Elle est magnifique, et on passe un moment à l’observer se mouvoir à travers les feuilles humides. Moi, ça me fait un peu penser à mon chat alors j’ai mon cœur qui se serre, et je reprends ma route. Mais… ça, c’était ce que je pensais faire. Les feuilles, humides, m’aimaient bien : et me voilà qui glisse, glisse, glisse, entrainée par mon sac de 17kg. Bon, je n’ai pas beaucoup glisser, en vrai. Mais sur le moment, ça m’a semblé énorme ! Du coup, je fais attention.
                Ça monte si raide que je sens mes mollets tirer bien comme il faut ! Pour éviter le claquage, je ralentis. En fait, j’ai une forme physique de malade, ça me fait bien plaisir. Mais se faire un claquage, ça arrive vite et c’est pas DU TOUT le moment. Alors je laisse Michel et mon père passer devant et leur emboite le pas. Y a des arbres en plein milieu du chemin qu’il faut soit enjamber, soit escalader, soit éviter en rampant presque. Trop-cool.
                La forêt est étouffante mais curieusement rassurante. Bien verte, elle est humide et laisse, parfois, tomber des taches de soleil autour de nous. C’est beau. Quand je suis un peu seule, je pense aux ours. Oui, oui, je sais, je suis une trouillarde et je fais bien rire. Maaais… si y a un ours, sérieux, j’fais quoi ?



   Petite pause quand on arrive à un replat qui permet d’observer le paysage. Je m’assoie après avoir quitté mon sac pour faire sécher mon dos, et quelque chose me pique la main. Je regarde et découvre une fourmi accrochée entre mes deux doigts par les dents ! LES DENTS ! Aïe. Bon, la pauvre, elle est morte. Mais lâche-moi, sale bête. Berk…
                Je ne tarde pas trop, car j’ai froid ! Le vent est glacial…



   Quand on arrive à l’abri de Mourra à 1827m, surprise ! Alors que Michel me parle, j’aperçois un Chamois qui nous observe ! Enfin, ici, dans les Pyrénées, on appel ça un Isard.Il est assez peu farouche, se met en position de « rapide échappatoire » (et non pause pipi comme ça me plait à le répéter). Mon père s’approche pour le prendre en photo, et Michel et moi continuons. Je le suis mais change vite de chemin quand je vois le nuage de pollen qui s’échappe des buissons qu’on doit traverser. On sait jamais, il ne manquerait plus qu’une crise d’allergie !
                Interlude-Isard terminée, on reprend la raide montée. Nous ne sommes plus en pleine forêt, mais dans des bois à la limite de la plus « haute » montagne. Je commence à vraiment apprécier le paysage. Je suis bien. Par contre, c’est dur et plus personne ne parle. On commence tous à fatiguer. Moi, en tout cas : le poids du sac, el réveil de bonne heure, l’émotion du matin, l’altitude… Et quand on arrive au col de Segales à 2040m, je demande une pause. Je bois et mange une barre énergétique avec bonheur. Je suis cuite et j’ai besoin d’un peu de force !



Pipi ?




   On repart assez rapidement car, je ne sais pas trop pourquoi, on est pressé. Je crois que c’est Michel qui a froid qui presse un peu le pas. Je demande à mon père de me sortir les gants de mon sac car j’ai tellement froid que mes mains sont pleines de crampes. Il parait que c’est parce que j’ai une mauvaise circulation du sang. Il est 17h, la montagne reprends son atmosphère sauvage. Celle qui rappelle que la plupart des randonneurs sont rentrés ou au refuge. Et qu’il ne reste plus que les animaux et les randonneurs un peu en retard ou qui camperont dehors. J’aime et crains à la fois.
                Du sentier, on voit le refuge de Mariaille, au loin. Et , surtout, le Canigou ! J’ai hâte d’y être, demain ! Tout est saupoudré de blanc, là-haut… et on doit y voir beaucoup de chose.




   Alors qu’on sort des bois, papa remarque qu’on a du rater le chemin qui devait partir sur la droite. Tant pis, on travers une pierrier en faisant attention à ne pas se tordre les chevilles. Je me demande d’où viennent toutes ces pierres. Est-ce que c’était une montagne, avant de s’effondrer ici pour en faire cet immense tord-cheville ? Enfin, c’est des questions sans réponse et c’est pas le moment. On a bel et bien loupé le chemin sur la droite. Au loin, on voit deux randonneurs… et curieusement, ça me fait bien plaisir de savoir qu’on n’est pas seul ici. Pourtant, on les laisse pour couper à travers les arbres en contrebas pour gagner le petit vallon où nous camperons. Il est « infesté » d’Isards… c’est génialement paisible !
                Drôle, de rouler sur des pignes de pins et de tomber sur les fesses ! Décidément, les trucs qui roulent, c’est pas pour moi. Adieu la carrière de skatteuse. Bon… deux chutes en une journée ? Hum ! ça commence bien.



 
                Enfin, on arrive. Après être passé devant la bergerie, avoir traversé le petit ruisseau qui serpente dans le vallon, on trouve l’endroit pour installer notre campement. On monte – laborieusement – nos tentes, au milieu des crottes de chamois/vaches, luttant contre le vent qui emporte tapis de sol et toile de tente, le froid qui gèle les mains, et les jambes en feu qui rouspètent quand il faut se baisser pour installer le duvet et ne demandent qu’à se reposer. Je me relève avec un soupire de soulagement. Soulagement ? Mais le pire reste à venir : se laver. « Papa, tu me jures que j’aurai moins froid après m’être lavée ? », je demande, septique. « Ah oui ! ». Bon. Puisque les mecs partent d’un côté, je pars de l’autre.
                Comment vous dire. Se laver. Dans le ruisseau. A 18h30. Sans soleil. En plein vent. Euh…
                Ça commence bien quand, après avoir lavé mes pieds, chaussettés de propre et sec, et protégé d’un chausson de gym (plus léger que les sandales pour rando Quechua), je plonge dans de la flotte dissimulée par une touffe d’herbe qui faisait semblant d’être SECHE ! Pestage à voix haute. J’imagine les Isard me regarder en s’écroulant de rire entre les arbres. J’ai beau, malgré tout, me savoir seule au monde, je tente quand même de cacher ma nudité parce que je suis pudique à mort. Mais c’est chiant, quoi. J’ai froid, y a du vent, mon gant de toilette est d’un coup recouvert de vase parce que j’ai raté l’eau claire pour le plonger près de la petite berge… Tout va bien ! Je jure entre mes dents, râle, et me demande ce que je fais là. Bon ! Ben je serai partiellement propre !
                J’ai certes plus chaud une fois habillées (fait dire qu’il fait -8000, là !), mais je ne sens plus mes orteils, ou alors j’en ai des crampes. Joie. Ô joie.


   Je monte sur une petite bute pour appeler ma mère. Quel soulagement quand elle me dit que le chat remange ! Tout va bien, d’un coup, j’ai même un peu plus chaud.
                On mange « à l’abri du vent » (dommage que les guillemets ne puissent être plus gros). Un repas bien chaud avec des pâtes, du gruyère (sacré), et du jambon cuit-chelou… corned beef… crème Mont-Blanc… Miam, j’ai plus chaud encore !
                La vaisselle, je laisse faire les hommes. Moi j’ai froid aux mains. Je réceptionne les ustensiles pour les faire sécher sur une pierre. C’est déjà pas mal, non ?  
                20h30, Michel est déjà dans sa tente à pester contre l’étroitesse de cette dernière et le froid. On rit bien, et moi je profite des dernière taches de lumières sur la montagne avec une petite tisane bien chaude.



Je rentre enfin dans la tente et me prépare pour la nuit. Dans la PETITE tente prêtée par mon frère. Mon sac à dos prend toute la place ! Ok, je mettrai mes pieds dessus, c’est bon pour la circulation du sang.  Je commence ensuite à lire Voyage au Centre de la Terre du vieux Verne. Mais dans mon duvet, avec la frontale, ça m’énerve vite. En plus, je suis fatiguée. Allez… dodo ! dodo… j’ai les jambes et les pieds gelés. Bon. Faisons abstraction. Je pense à mes alpinistes que j’admire qui passent des nuits sur des parois enneigées. C’est pas des chochottes alors moi non plus ! 
Image de mon téléphone... mais voilà.

                Tiens, il pleut ? Je me demande l’heure qu’il est, je me suis assoupie.  Il faudrait que je sorte mon bras pour attraper ma montre, et c’est juste hors de question. Dans mon duvet il doit faire 20c°, et dans la tente, 5. C’est mort.
                Un énorme bruit me réveil. L’orage ? Non, le vent ! Bon sang, mais ma tente va s’envoler, c’est pas possible ! J’ai peur (pas nouveau), impossible de dormir. Et ce bruit c’est quoi ? Le grésil ? J’entends mon père se lever. « Oh putain ! » Je le questionne en pensant que son eau a dû se renverser dans sa tente, mais avec ce vent, impossible de me faire entendre.
                Je ferme les yeux…
                C’est quoi, ce bruit ?Et c’est quoi cette forme contre ma tente, à l’extérieur ? Je ne sais pas pourquoi je pense à une poule. Une poule, sérieusement… ! Bon. Courage. J’ouvre la première couche de ma tente. Ça fera bien partir la bête d’au moins 20 centimètre de hauteur ! Non. Bon… j’appuis dessus à travers la toile extérieure. C’est moi… ça bouge pas… J’ouvre courageusement l’extérieur… et la forme me tombe dessus, glacée, mouillée. Quoi ?! De la neige ?! Il neige ! Je ris et referme. Mon duvet me semble merveilleusement chaud. Mais demain… ? Demain, c’est demain. Pour l’heure, il faut dormir.

                Minuit. Jeudi 21 Mai 2015

                Et sinon, pourquoi une heure passe en quatre, ici ? C’est long, une nuit dans le froid, dans les rafales de vent, dans l’angoisse de se perdre dans son duvet et de ne plus retrouver la sortie en mourant d’asphyxie (oui, comme vous pouvez le constater : tout va bien pour moi).
               
Bref… je me réveille définitivement à 6h à cause du froid. C’est toujours sur le matin que les températures chutent brutalement. Et là, il fait vraiment froid.  J’ouvre la tente en restant couchée. C’est beau. Le soleil perce difficilement les nuages quand vient 6h30. Je me sens bien malgré le froid et les tremblements qui parcourent mon corps. Ce spectacle, de la nature qui se réveille après une nuit dans la tourmente, je ne l’ai jamais vu. Et ça vaut bien une mauvaise nuit et un matin difficile. Pour voir ça, je suis prête à tout. 


             Quand je commence à avoir mal à la tête, comme après chaque mauvaise nuit, je me lève après m’être habillée chaudement (et allongée car je ne tiens même pas assise dans cette foutue tente ! grmmph…), je sors. Vous voulez que je vous dise ? Faire pipi dans la neige à -5c° avec le vent c’est pas marrant. D’ailleurs, je retourne vite retrouver la chaleur de mon duvet en laissant la tente ouverte. Une profonde sérénité et vague de bien-être me submerge et je m’assoupis entre 7h et 7h30. Je rêve d’une attaque de zombi près des tentes. De ma mère qui fuit en agitant les bras vers nous, et de mon chat qui perd… un œil. « Vous êtes réveillés ? » «  Oui oui », je mens, heureuse d’être tirée de cet horrible cauchemar. Il est 8h30. Je comprends sans qu’on n’en dise rien que le sommet, c’est foutu. Michel râle dans sa tente. Il voudrait faire demi-tour, et moi je lance que c’est mes dernières vacances, que je veux continuer, qu’un peu de neige n’a jamais tué personne ! Il roumègue, on rigole, et je sors pour marcher un peu.







Bonjour. Pas de triche : voilà la tête d'une Auriane après une nuit à -8000 C°


Des traces d’Isards sont partout près des tentes. J’en suis une et me retrouve sur une petite bute. C’est magnifique. Il neigeote.  Le plafond nuageux est très bas et blanc comme du coton propre. Nous sommes joliment enfermés, dans cette combe. Tout est moelleux… je suis bien.
                On mange quand même à l’abri de la bergerie parce qu’il fait très froid. J’ai beau insister doucement, le Canigou, c’est non. C’est plus prudent, de toute façon, je le sais bien. Mais j’avais bien envie de me le faire, ce sommet !







   Une fois les tentes pliées, on reprend la route après avoir dit au revoir au groupe d’Isard à qui on rend la place. Les sentiers sont bien glissant, mais le soleil qui illumine le paysage fleuri mais saupoudré de neige fait oublier la difficulté. Soleil qui sort par intermittence et nous réchauffe quand il le peut… mais nous sommes gelés jusqu’aux os. Alors quand il faut traverser une rivière, je me renfrogne. Trop grande, trop glissant, trop humide ! Je remonte un peu pour tenter de trouver un autre passage, mais il faut traverser là où Michel et ses 1m80 l’ont fait. Blocage. Peur. J’aime pas l’eau, et l’idée de me mouiller les pieds ne m’enchante pas vraiment. Mon père passe en premier, puis revient pour me prendre mon sac. Ah… c’est quand même mieux, et je suis soulagée d’avoir atteint l’autre rive.


   On continue sur un petit sentier à flan de la montagne. Là, mon père me dit d’appeler ma mère pour la prévenir qu’elle ne s’inquiète pas, qu’on a renoncé au Canigou. Elle m’apprend que Coquine ne mange plus. Qu’elle n’a pas pris son médicament pour les reins. Et qu’elle a pris rendez-vous chez le véto ce jour à 17h30. Coup dur, et je craque parce que je sais au fond de moi que je ne la reverrai plus. Et qu’elle nous a vu partir, papa et moi. Sans qu’on revienne. J’ai le sentiment de l’abandonner, j’espère juste que ce chat parfait ne pense pas la même chose.
                Dès lors, mon moral rejoint mes chaussettes gelées. Je ne vais pas bien, et marcher oblige les pensées à être analysées, sans filtre. C’est une des raisons pour lesquelles j’aime marcher : faire le tri, et revenir plus propre. Mais là, tout bonheur m’échappe. Déjà que j’étais déçue d’abréger la rando et de renoncer au sommet…
                On pique-nique vers 13h. Il fait froid, y a du vent, il neigeote quelque fois… Je n’ai pas faim mais me force. On ne sait que faire, ce soir.


Et le cochon qui fait du bruit


On trouve le refuge de Marialles à 1718m où on se réfugie pour boire une boisson chaude. Le thermomètre, à l’extérieur contre le mur indique 4c°. Et encore, il est à l’abri… La salle commune est pleine de vie et me remonte un temps le moral. J’annonce et décrète : « pas de camping ce soir ». Miche plaisante en disant qu’heureusement que je suis venue, sinon mon père l’aurait encore fait camper. C’est bien probable… On envisage le refuge, mais quand on part je demande à rentrer. Je ne veux pas que ma mère soit seule ce soir après l’épisode du chat. J’espère que la véto le gardera pour nous le rendre le lendemain, et en même temps j’espère que ça sera fini ce soir. Egoïste, mais je suis heureuse de ne pas être là. Tout en étant malheureuse de ne pas pouvoir accompagner mon chat dans ses derniers instants, et de laisser ma mère vivre ça toute seule. L’esprit en proie à de trop grandes émotions qui me nouent la gorge et embuent mes lunettes de soleil inutiles sauf pour garder un peu de dignité, on reprend la route. Je n’ai pas le moral. Du tout. Et la descente jusqu’à Vernet-les-Bains en passant par la tour de guet sera jolie mais très pénible. Je suis usée par la tempête qui fait rage dans mon esprit. Je n’ai qu’une envie : m’arrêter, attendre « l’heure » et pleurer. Et en même temps je me demande : ne vaut-il mieux pas vivre la disparition du chat en montagne ? Ne vais-je pas regretter de faire demi-tour ? Est-ce que vendredi je ne vais pas me morfondre, à Nîmes ?
                Je ne parle plus. Michel me demande ce qu’il se passe et je lui avoue que je n’ai pas le moral. « C’est le chat ? » « Le chat, Décath, ouais… ».




                Nous arriverons à la voiture à 18h. Coquine sera piquée à 19h. Retour sur Nîmes difficile mais nécessaire. Et ce jour de rando restera un des plus difficiles moralement.

 


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Alors au revoir, Coquine.
Tu avais peut-être les côtes et la queue cassée, soit disant l’œsophage tordu et un problème d'estomac, t'étais parfaite. Tu tirais parfois la langue, tu te laissais faire quand on te mettait des lunettes sur le museau, des chaussettes de bébé aux pattes. Les gens qui n'aimaient pas les chats t'aimaient, toi. Tu allais sur tous les genoux qui se présentaient à toi. Tu vais un miaulement étrange, mais on l'aimait.
Quand on préparait nos affaires, tu boudais et venais te coucher dans nos sacs. Quand on rentrait, tu étais heureuse de nous voir. Quand j'avais mal au ventre, tu venais t'allonger contre moi alors que tu n'avais pas le droit de monter sur mon lit. Tu avais une façon de coller sa tête à mon front que je n'oublierai jamais. De me regarder avec une certaine pitié quand je te disais des bêtises. D'accepter absolument tout sans jamais sortir les griffes. Je me souviens de cette fois où, sautant jusqu'à ma fenêtre, j'avais refermé cette dernière sur ta queue. tu avais d'abord miaulé, et puis tu m'avais simplement mordillé le bras pour me dire "eh oh, stop, j'ai mal !". Tu étais douce. Une immense source de réconfort malgré ta petite taille.
Tu n'aimais pas quand je jouais de la flûte, mais tu restais quand je faisais du violon. Et pourtant... ma vieille, je jouais mal, du violon, tu sais ?
Tu aimais la musique celtique mais pas le métal ni le rap.Tu me rendais sereine.
Quand mes affaires trainaient, tu aimais bien t'assoir dessus. A la fin, tu ne quittais plus ce livre, Max, qui trainait sur le canapé. Moi aussi je l'aime beaucoup, ce livre, tu sais.

Je suis heureuse d'avoir grandi avec toi. Par contre la maison est vide, sans toi. On voit ton ombre partout, j'entends tes griffes claquer sur le parquet. Tout à l'heure, j'ai ouvert la porte parce que je croyais que tu miaulais. Eh oui. Tu nous manques cruellement.
Voilà. Oui, je viens de m'adresser à un chat. Je crois que personne ne peut vraiment comprendre... même si vous le pensez, non, vous ne comprenez pas.

Et Coquine, la prochaine fois, je l'aurai le sommet du Canigou. Et je penserai à toi, petit Totem. 





J'ai bien conscience qu'il y a plus grave. Je sais. En tout cas, merci aux potos. Vous êtes supers. On est un groupe soudé, je crois. Cette terrible semaine me l'a prouvé, nous l'a prouvé, pour chacun de nous. Je ne suis pas la seule à avoir des soucis. Non ? Moi je vous aime. Merci... :) Venez avec moi en montagne.

1 commentaire:

  1. Ou comment sentir ses tripes pendant ton récit quand tu racontes ta rando et Coquine en tête ... C'est très dur de perdre un animal qui nous est aussi proche. Un animal, un ami, un être avec qui on partage tout.
    Je sais pas dans quel état je serai moi quand les miens partiront, je peux pas savoir la douleur que vous avez eu, je ne peux pas non plus comprendre ce que tu ressens..
    A part dire de laisser le temps guérir un peu, mais guérir de quoi ? Du manque ? Ce sera sans nul doute impossible à panser..
    Bon courage a vous famille Pons, il n'y a que cela que je peux vous souhaiter :(

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