jeudi 11 juillet 2019

GR 738 ou la traversée de Belledonne du Sud au Nord - 2ème Partie

— Jour 6 : 22 Juin 2019 —

Lever 7h sous un ciel bien gris. Petit déjeuner, préparation des sac à dos rapide car pas de tente à plier, et à 8h15 on sort du gîte pour débuter notre randonnée du jour. Je fais quelques pas jusqu'à ce qu'ALERTE ! Je sens de l'eau goutter le long de mes jambes. Catastrophe, c'est ma poche à eau qui s'est partiellement détachée du tuyau. Argh ! On a eu chaud qu'elle se vide pas en entier, mais me voilà partie avec le bas du sac à dos trempé ! 










C'est plus ou moins soulagée que je repars le long d'un chemin plat détrempé par les orages d'hier (je sens que l'eau va être présente cette étape...). On longe un bel étang parsemé de nombreux pêcheurs. Puis, au bout de 2km, ça bifurque pour s'enfoncer dans la forêt. C'est bien raide ! Heureusement que la veille on a pu se reposer, je me sens mieux.



Alors qu'on s'élève dans la forêt, il fait de plus en plus moite : brouillard, chaleur... on est trempé et c'est désagréable. 
Le brouillard ne tarde pas à nous envelopper, et pire, il se met à pleuvoir. Malgré moi, je me mets à accélérer (alors qu'on tenait un rythme déjà plutôt pas mal). Mauvaise idée ! Je brûle mes forces à une vitesse grand V ! 


On arrive de justesse à la cabane de la Fouetterie à 1779m) pour s'abriter d'une pluie battante. Il y a déjà trois personnes et un homme arrive plus tard. C'est une cabane spacieuse gérée par l'association "Tous à Poêle" qui permet d'avoir un vrai logement non gardé ! Hyper chouette.






Comme la pluie semble se calmer et que la fin de notre étape n'est qu'à 1h de marche, on décide de pousser jusque là-bas. Ils annoncent des orages en fin de journée, donc ça nous permettrait d'être tranquille.
Direction donc le Lac du Léat à1719m et sa belle cabane ! 




Fin de l'étape à 12h30 ! Il y a du monde partout, on est dégoûté... On mangé à l'écart d'un grand groupe qui part vers 15h et on en profite pour se laver rapidement (difficile quand y a du monde partout)... Comme nous sommes seuls, on décide de dormir dans la belle cabane !



Sauf... qu'un couple est arrivé vers 17h. Comme nous sommes des sauvages, nous décidons de monter nos palaces en nylon sur la colline un peu plus haut ! Endroit pas vraiment plat, mais au moins, on est tranquille.
On profitera quand même de la cabane pour manger sur le petit banc devant !


Le soir, un coucher de soleil grandiose nous attend. le soleil, à travers la brume, nimbe tout le paysage d'une couleur or et rouge... C'est incroyable... en avant les photos, ça parlera plus que les mots.

 

— Jour 7 : 23 Juin 2019 —






Après un petit déjeuner à l'ombre de la cabane, on part sur un petit chemin en balcon qui traverse une forêt. Agréable mise en jambe avant une forte grimpée jusqu'à la Croix du Léat à 1825m.
Il fait déjà très chaud ! Je manque de mourir d'une crise cardiaque en écrasant presque un crapaud ! Mais qu'est-ce qu'il fout là ?



Quand on arrive à la Pierre du Pin ( 1904m), une longue et pénible descente nous attends. La première partie nous oblige à traverser un ou deux névés en dévers et des ruisseaux grossis par la fonte des neiges. 
La seconde sera plus calme mais mes genoux morflent quand même pas mal.




En bas, le village du Cohard (1199m) n'a malheureusement pas de petit bar pour nous désaltérer (et offrir une bière à Axel et mon père qui me cassent les pieds avec alors que je ne rêve que d'un Ice-Tea bien frais !). 
On prendra notre pique-nique lyophilisé dans la forêt près du sentier qui remonte (encore) vers notre étape du soir).


On croise en plein milieu de la montée André et Fabienne qui font eux aussi le GR mais en sens inverse. On discute rapidement (eux montent jusqu'au refuge de l'Oule donc leur étape n'est pas vraiment terminée !). Echange d'informations quant aux sentiers, neige etc, et c'est reparti ! Voir du monde me fait l'effet d'un petit boost, car j'étais un peu déprimée par notre seconde partie de journée (plutôt bof bof...). Il faut dire que nous avons croisé une femme avant manger qui nous a dit qu'une passerelle est tombée et qu'il faut faire un détour de 3km (environs une heure) pour pouvoir traverser... L'étape faisait déjà 6h de marche, nous voilà à 7h sans les pause. Et ça, c'est  aprèsdemain. Sans parler de la neige apparemment très présente plus haut. Chouette...


On arrive à l'Aup Bernard (1570m), fin de notre étape. LA cabane est trop cool, on va dormir là, surtout qu'il n'y a aucun autre endroit pour planter nos tentes. A l'intérieur, André et Fabienne nous on laissé des pommes et chips de leur pique-nique. TROP BIEN ! JE ne suis pas fan des pommes, mais des produits frais c'est vraiment le top ! 
On s'installe, on s'étale... et deux femme arrivent. M.e.r.d.e. L'une d'elle me demande pourquoi on plante pas nos tentes ailleurs (pas forcément méchamment, mais je tique un peu et n'ai pas vraiment envie de partager le dortoir avec elles). Comme Axel a trouvé un coin, on le suit. A la lisière d'une forêt, un peu en pente, un peu en bosse... Mais l'abris de nos tentes reste un luxe merveilleux quand on veut du calme et de l'intimité. Donc, on campera ! 


Le soir, coucher de soleil, puis tente pour bouquiner. On entend des cris d'oiseaux en pagaille, et on s'attend toute la nuit à avoir des sangliers venir fouiner près de nous, vu les traces dans la terre. Mais rien du tout ! Même la peureuse que je suis sera déçue le lendemain matin.

Photo de mon père

Photo de mon père

— Jour 8 : 24 Juin 2019 —


Départ 8h15. Ça grimpe assez fort dans la forêt jusqu'au Praillet (1737m). D'ici, descente très tranquille sur un long chemin forestier qui fait de longs lacets tout doux ! On glisse dans la vallée jusqu'au Plan de l'Ours (1268m) dans une forêt.




Du plan de l'Ours,horrible montée dans la forêt non entretenue (orties, plantes hautes, tiques...). C'est vraiment pas agréable alors on monte vite. Il y a des arbres couchés dans sur le sentier qu'il faut éviter en contournant comme on peu... Bref ! J'ai un peu de mal à suivre mon père et mon frère qui m'attende lors d'un petit aplanissement qui donne vue sur le Refuge de la Pierre du Carre.





Looongue pause au Refuge de pas loin de deux heures. On y pique-nique, mon père et Axel ont enfin leur bière (moi un jus de pomme :D), du vrai café etc. Le gardien est hyper sympa et on parle un bon moment.




La reprise est donc très dure ! Il ne nous reste pas grand chose, mais il fait très chaud ! Le col de Claran (1956m) n'est pas très loin, et on y est vite. Le chemin est beau, bordé de Rhododendrons qui ont bien fleuris depuis qu'on est parti il y a 8 jours. Je pense que dans une semaine, cet endroit sera merveilleux ! 





On arrive à la fin de notre étape vers 16h, à la Cabane de Claran (1828m). Très bel endroit où nous serons seuls ! Malgré le soleil qui disparaît rapidement derrière la montagne, on a le temps de profiter d'un bel espace aménagé près de la source pour se laver. Pas de lessive ce soir, il ne reste que trois jours, donc il nous reste à tous assez de linge propre pour terminer ! 

Le soir nous mangeons à l'abris de la cabane car une invasion de mouche nous empêchera de manger correctement. 
Dans ma tente, alors que je lis sur ma liseuse, celle-ci me tombe sur la tête. Oups... je crois qu'il est l'heure de dormir. J'ouvrirai les yeux à 6h le lendemain ! Dormir d'une traite, c'est rare : je suis épuisée ! 




— Jour 9 : 25 Juin 2019 —



 Il est 7h30 quand on part de notre lieu de campement. Aujourd'hui, nous savons que c'est une grosse étape, et qu'il faut rajouter une heure à cause de la passerelle détruite.
Il fait déjà très très chaud, et mes genoux me font souffrir. Heureusement que c'est l'avant dernier jour !

Nous tâtonnons un peu pour trouver le chemin qui permet de contourner le torrent, passant par des chemins non indiqués qui nous semblent abandonnés. On atteint ensuite une piste forestière (et on croise deux voitures qui vont... réparer la passerelle !). Axel et moi nous trempons les pieds en devant passer malgré tout un ruisseau qui nous coupe la roule. Les pieds faisant "flotsh flotsh" jusqu'à la baraque de Cohardin à 14243m. La passerelle étant à 1456m, il nous faut donc remonter 200m dans une forêt pleine de hautes herbes qui piquent. Mettre son pied là où on ne voit pas, quand on a une imagination débordante comme moi, c'est imaginer des araignées grimpant sur mes jambes à chaque pas. Brek ! 


 On voit au loin les ouvriers réparer la passerelle, sans regret du détour : on ne pouvait pas passer.
Il fait toujours aussi chaud et on quitte rapidement la forêt pour grimper jusqu'au refuge des Férices à 1892m. Je peine à atteindre ce but, mais nous y sommes à 11h30 alors que mon père visait 12h pour manger ici.


Refuge non gardé des Férices


Face à l'horaire, on décide de pousser un peu, car on est loin d'avoir terminé. C'est terrible pour moi : chaleur, soleil, fatigue des jours derniers... Je marche à deux à l'heure. On croise deux femmes à qui je demande si elles ont dû mettre les crampons pour passer le col d'Arpingon (2227m) qu'on ne voit pas encore. Réponse : oui. Désespérée, je poursuis mon chemin, de plus en plus lentement (chemin en devers à moitié détruit par des avalanches passées....). J'ai l'impression de m'arrêter tous les trois pas ! 



Quand j'entame le dernier coup de cul avant un petit replat où on doit manger, j'ai la gorge bloquée par des sanglots d'épuisement (oui je sais, je pleure beaucoup). Je suis E.P.U.I.S.E.E. Et quand je pense qu'il va me falloir des forces pour passer la neige plus tard, je désespère.



Comme il n'y a pas d'ombre, je plante mes deux bâtons devant moi, y accroche ma serviette de toilette, et me faufile dessous.  Y a mieux pour manger, mais au moins je suis au frais. J'enlève mes chaussures et mes chaussettes dans l'espoir que ça sèche (oui, ça fait toujours "flotsh flotsh"), et on mange. Rien ne passe tellement je suis crevée, mais je me force. 
Devant mes SMS un peu découragés, Damien m'appelle pour me secouer un peu. Il m'énerve à me traiter de défaitiste alors que je fais de l'humour en lui disant que la seule porte de sortie ici, ça serait l'hélico. C'est donc le moral encore plus dans les chaussettes (que j'ai quitté, je rappelle, donc mon moral doit être quelque part en bas dans la vallée), que je tente de reprendre quelques forces avant le départ. 
Chaussettes : Ok
Chaussures : Partiellement OK
Moral : ...quel moral ? Il est où ?



L'avantage, c'est que mon père aussi semble souffrir, aujourd'hui. On marche donc plus où moins ensemble (Axel est toujours devant et nous attend peu). On fait une pause tous les quart d'heure. La chaleur me tue ! 



Et puis, ENFIN, le col ! Toujours pas de crampons, on pense que les femmes sont passées par l'autre côté (voir la photo en dessous). Tant mieux... que du soulagement ! 



Le haut tout au fond, c'est le Pic du Frêne (clin d’œil à Damien)





Il ne reste plus "qu'à" descendre au Refuge de la Perrière à 1832m. Sous la chaleur, toujours, le soleil, toujours, mes genoux douloureux, toujours.
Dernière ligne droite avant d'avoir notre dernière nuitée de la randonnée. Et ça me fait tenir ! Je puise dans mes forces parce que je sais qu'il ne reste plus que demain.
 On arrive à 17h à ce refuge (non gardé). Il y a déjà une personne, mais le dortoir est tellement génial que je laisse la tente dans le sac, dépose un duvet sur un lit et décide de ne plus bouger. Après une toilette rapide à la source (je suis rodée maintenant, et les randonneurs (nombreux) se détourneront  ! Ma pudeur est totalement anéantie par la fatigue.
Une fois lavée, je remonte et m'affale sur mon lit une bonne heure. J'ai rarement été aussi fatiguée.
Après un petit goûter (car mon père pense que nous ne mangeons pas assez, d'où notre état de fatigue), j'appelle Damien pour savoir à quelle heure il sera au Bourget-en-Huile avec la voiture. Sa réponse me donne plein d'énergie : il voulait me faire la surprise, il a posé un jour et sera carrément avec nous à partir de midi ! Trop heureuse, j'en oublie un petit peu ma fatigue.
On mange vers 20h, il y a une bonne ambiance, ici. Un couple de grimpeur nous a rejoint (ils sont Nîmois à la base !), et on discute bien. Il est presque 22h quand je vais me coucher (il fait encore une chaleur de dingue...)
Et alors que je rejoins mon lit, une araignée m'attends près de ma liseuse. Ok... je la chasse à coup de faisceau de frontale (oui, elle craint la lumière on dirait !)... mais le mal est fait : je passerai la nuit à penser que des araignées me marchent dessus ! Brrr....

— Jour 10 : 26 Juin 2019 —


J'ai donc très mal dormi. Entre ma phobie des araignées et la chaleur, je me lève, je crois, vers 6h pour prendre l'air. J'ai mal à la tête, et je n'arrive pas à ouvrir les yeux tellement je suis fatiguée. Je les sens tout gonflés et bizarre. J'ai vraiment, je peux le dire : la tête dans le cul. MAIS c'est le dernier jour, je vais dormir dans mon lit ce soir, prendre une douche de trois heures, et revoir Damien ! Alors... tout roule ! 




On part vers 8h direction le Col de la Perrière à 1979m. On y est vite car il n'est pas très haut et en plus, on a la chance de le commencer à l'ombre. Il va faire chaud aujourd'hui ! Un homme qui débutait le GR est parti ce matin vers 5h30 pour éviter les coups de chaud, et il a bien raison ! 







Alors qu'on entame la redescente vers les sources du Gargoton (j'adore ce nom !), un bruit étrange nous fait tourner la tête... Un têtra Lyre ! Je n'en avais jamais vu ! ça a vraiment un cri très laid... mais c'est beau !


On descend en papotant, marchant tous les trois ensemble. C'est cool, parce que je crois que depuis le début j'étais souvent loin derrière, surtout dans les descentes ! L'effet dernier jour, surement. J'ai hâte de rentrer chez moi et en même temps, je sais que cette vie où je bouge chaque jour pour un endroit différent va me manquer. 








Le Col de la Perche est tout doux. On débute dans la forêt, puis sur un chemin bordé de beau Rhododendron (synonyme pour moi de LA fleur de montagne, même l'Edelweiss passe en second (tellement elle st rare !)).
J'y vais à mon rythme, à nouveau seule, profitant de ce dernier col avant d'entamer une descente jusqu'à la voiture. 

Col de la Perche 1986m




S'en suit un petit chemin en balcon qui descend doucement jusqu'au lac des Grenouilles où on pari voir apparaître Damien.
Gagné, on le voit arriver au loin un peu avant !

Heureuse de le retrouver, on repart jusqu'au lac où Axel et Papa vont chercher de l'eau à une source 50m plus bas. Moi,je m'épargne ça, on a déjà un dénivelé négatif assez important pour en rajouter !


Damien veut prendre mon sac mon sac. Mais je veux terminer tout le dénivelé positif de ce GR avec mon fardeau ! ("C'est mon fardeau, Sam !"). Je lui laisserai après le pique-nique !


Direction le Col d'Arbaretan, grimpée raide, en plein soleil mais avec un petit air qui fait du bien : il fait moins chaud qu'hier !
Comme un essaim d'abeilles semble avoir élu domicile près du panneau du col, on ne s'attarde pas.


Pique-nique avec bière (youhouuu) après une longue descente hyper raide qui achève mes genoux,je crois ! Damien teste le repas lyophilisé, on se repose bien, et on repart. Là, je suis allégée de mon sac, et j'ai l'impression de voler en marchant ! 


Longue descente à travers la forêt, coupant parfois une piste forestière où l'on croise voiture et motos. On était mieux dans nos montagnes ! 


Et comme toute chose à une fin, quand Le Bourget en Huile apparaît, j'avoue être un petit peu émue ! J'aime pas les fins. D'un livre, d'une série, de vacances, de rando... ça n'a pas une bonne saveur.
Mais on est heureux parce qu'on a fait une magnifique randonnée ! 

Pascal - Axel - Auriane - Damien

Sans mon père qui a tout organisé de A à Z et les traces qu'il a fait dans la neige, je ne serai jamais arrivée au bout. J'en ai vraiment douté tout au long des dix jours, et caressé à de nombreuses reprises l'idée d'abandonner. Mais j'ai un papa génial qui arrive à trouver du positif à chaque instant, et ça c'est génial. Alors MERCI papa ! :) 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ascension du Grand Paradis - 4061m !

Jeudi 5 Septembre 2019 Il est 3h56 quand j'entends des voix dans la chambre d'à côté. Enfin il est l'heure de se lever ! Ent...