vendredi 19 août 2016

Quatre jours dans le Beaufortain




 Lundi 15 Août 2016

            Bon. Je pense avoir eu aujourd’hui la confirmation que mon père veut ma mort.
            Départ 9h du camping municipal de Queige (je suis arrivée hier à Albertville par le train de 21h14 exactement tavu !), avec le vélo de ma mère. (Bah oui, j’allais pas me trimbaler mon vélo dans le train hein… déjà que mon sac, assis à côté de moi à la taille d’un mec méga grand (ou d’un Damien, au choix…).
            On est à 700m, et on monte tout doucement pendant 11km pour arriver à Beaufort. C’est bien, ça me permet de m’échauffer avant que ça commence à grimper. Et c’est pas du luxe parce que de Beaufort au Cormet de Roselend, on verra plus souvent affiché des pentes à 8% qu’à 6 !

Lac de Roselend

            Ça va à peu près. J’y vais doucement, c’est la reprise, et derrière j’ai des journées de rando à assumer. Donc, je le dis sans honte aucune (et si tu te moques, viens, viens, avec moi), j’étais en gros à 6km/h de moyenne. Je fais des pauses toutes les demi-heures pour manger un truc, boire, et surtout chasser les fourmis dans mes pieds et mes mains. C’est pas cool le vélo des fois !
            Montée agréable à l’ombre (ce qui me permettra de garder ma dignité niveau bronzage quand j’irai à la plage en bikini). Je galère un peu les trois derniers kilomètres avant le col de Méraillet à 1605m (oui moi je fais deux cols en un, j’suis une dingue.).

Pour le moment, ça va !

            Il est 11h45. Et on doit rejoindre ma mère pour manger à Arêche qui est… loin. Tu verras. Moi, je le sens moyen, mais bon !
            On redémarre après une barre énergétique. C’est beau putaiiin, c’est beau. Un lac, bleu; des montagnes, hautes ; un soleil, de ouf.


            Du premier col, ça redescend un petit peu avec du plat sur 1km5. Mon père me dit que j’ai fais le plus dur et qu’il ne reste « que » 300m de dénivelé à monter en 9km. Et moi, je l’ai cru. Mais je vais encore le dire sans honte : il est 12h20, et c’est tellement dur que j’ai envie de pleurer. Ces gros sanglots qui se bloquent dans ta gorge quand t’es au bord de l’épuisement (comment ça t’as jamais eu ? Sérieux ? Ah…). En plus j’ai mal en bas du dos (à cause du vélo trop petit de ma mère) et j’ai juste envie de mourir (au moins).



 Mais curieusement je n’ai pas envie d’insulter tous les cyclistes qui me doublent, ni mon père qui me dit « facile hein ? » HAHAHA ! Bah non mais c’est super beau quand même. Plus que 3km…2…1,5…1… Allez c’est bon, OUF ! Je l’ai mérité ce col ! On est à 1967m et il est 12h45.




Et donc je pensais être au bout de mes peines. Mais non.
Descente jusqu’au premier col (Miraillet, t’as suivi ?). Là mon père a appelé ma mère qui lui dit que les gens du restau où on devait se retrouver ne servent que jusqu’à 13h45. EUH ! Il me faut donc faire 11km + un col en 20 minutes. LOL !



Et surtout que ce col, le col des Pré, il est horrible. Même si le passage sur le barrage du Roselend et la vue sur la Pierra Menta (oui, la fameuse), est à couper le souffle, le reste, c’est chaud. Moi je pense qu’il a largement surestimé mes forces. Je suis obligée de m’arrêter QUATRE FOIS dans le col pour m’effondrer sur le guidon de mon vélo en me demandant à quel moment j’allais être terrassée. Seul la venue d’une voiture me force à me remettre en selle à chaque fois (oui, j’ai pas vraiment envie qu’ils s’arrêtent pour le traditionnel « ça va mademoiselle ? »). 




Bref. Quand j’arrive en haut (1748m) j’ai faim et je sais bien qu’on a raté l’horaire pour le restau (et en bon ventre sur patte qui se respecte, je me demande comment on va faire ! J’ai la dalle !). Mais en plus, j’ai l’impression de ne plus avoir aucun muscle en fonctionnement des pieds au bassin. L’horreur absolu. Et pour couronner le tout, le Mont-Blanc se cache, au loin, derrière de gros nuages. Je t’aime, mais je te hais. 


            Là tu te dis sans doute que, super, il ne reste que la descente jusqu’à Arêche. Ben ouais. Une descente horrible avec des gravillons qui me laisse tétanisée sur les freins de mon vélo. Avec la tête qui tourne, en prime, parce qu’il est bientôt 14h15.
Quand on arrive à un restau qu’a dégoté ma mère, et que je m’effondre sur mon siège, j’ai l’impression que je vais mourir. MAIS je suis là. 


Et après un petit repas bien sympathique, ça va mieux.
On arrivera au camping à 16h15 après une route qui descendait la plupart du temps.
Terrible, mais magnifique journée ! 




Mardi 16 Août 2016



Lever 7h pour plier le campement et partir. J’ai mal dormi à cause de la fatigue (cherche pas), et je suis malade. Su-per !
9h30, départ avec les chaussures de marches et le sac à dos, direction le Pas d’Ouray. Jolie montée, régulière au début, hard à la fin. Franchement, j’ai du mal mais ça passe (pour une fois que j’ai un sac à dos léger, je vois la différence !).


J’ai trop hâte d’arriver derrière la montagne. On m’a parlé d’une vue sur le massif du Mont Blanc, et du coup, je salive !
Mais non. Midi, on mange au Pas d’Ouray (2163m), qui donne une merveilleuse vue sur la vallée de Beaufort, la Pierra Menta, et le barrage du Roselende. Pas moche ! Ah, j’ai monté avec la chanson « Will Grigg’s on Fire » dans la tête. Clin d’œil à Damien, mais il ne lira probablement jamais ces lignes…

Pique-nique entre nuage et soleil, et à 13 heures on repart.
Sentier à flan de montagne qui permet de se re-échauffer. Et ça tombe bien car, alors qu’on entame une montée, mon père me fait signe de me dépêcher (il est plus loin, lui). Et me voilà qui part en courant sur le sentier, parce que je SAIS qu’il faut que je me dépêche avant que le Mont-Blanc ne se recouvre. Donc j’ai le cœur qui va exploser et je suis au bord de l’asphyxie , mais je vois quand même – presque – la montagne de mon cœur. Je suis ravie. Vraiment. Je pense qu’à l’instant, je peux faire une radio de toutes mes dents sans la radio tellement je souris. Enfin bref, tout ça n’est qu’anecdote. 


On ne verra pas grand-chose du reste du massif, et dire que j’ai vu le Mont Blanc serait quand même être née à Marseille, mais je suis heureuse quand même. Et j’aurai du mal à quitter les montagnes des yeux le reste de la descente.

Helico !


  Descente pas trop cassante ni raide, dans un paysage alpin, qui se terminera sur une route forestière qui nous ramènera au camping car. (Si je bâcle la fin ? Oui. On vient de me signaler qu’une bière m’attendait.)


Et au loin, l'orage gronde...

 


Mercredi 17 Août

            Départ à 9h de Plan Villard. Un grand soleil, du ciel bleu, une vue sur le Mont-Blanc et son massif, un endroit bucolique… Que demander de plus ? Des bonnes chaussures, me dit-on à l’oreille. Eh oui, mes bonnes vieilles Assolo sont en fin de route. Disons que c’est le divorce. Elles sont en bonne santé, moi aussi, mais nous deux ça colle plus. J’ai trop mal à chaque pas, c’est une horreur, et ça grimpe sec ! Mais la beauté du paysage me fait dire que bon, faut souffrir pour voir tout ça. 




            On grimpe d’abord à l’orée de la forêt, sur un terrain souple et herbeux (retiens bien parce que comme c’est un aller-retour, je vais pas me répéter). C’est tout joli, y a des fleurs de partout ! Et des Myrtilles, plein de myrtilles !
On croise un chemin forestier, et là je m’arrête pour enlever les semelles (nouvelles), mises dans mes chaussures. On verra bien, ça peu fonctionner ! Mais non… Donc, plus tard, je m’arrête à nouveau pour les remettre (non mais c’est passionnant tout ça !).




            Bref, on arrive au « chalet du lac ». Petit chalet sympathique où un monsieur fait du fromage de chèvre. Après une grenadine, on repart pour terminer les 300m jusqu’au Pas de l’Âne. Ça grimpe sec, on s’élève vite, et sur notre gauche, le flan de la montagne donne un paysage grandiose sur les autres cimes. J’aime bien l’ambiance qu’il règne, avec les chèvres, le névé, les nuages, ce vert si beau, la cascade… Je suis bien. J’ai « The Call of the Mountain » d’Eluveitie dans la tête, et ça va plutôt bien avec. Ce matin, c’était « Happy » de Pharell Williams et ça collait tout autant.
            J’ai un peu moins mal aux pieds, si jamais ça t’intéresse.





            On arrive au Pas de l’Âne à midi. Pile poil pour manger ! Je vais pas te cacher que je suis cuite. Tellement que lorsque mon père me demande de venir avec lui à l’autre sommet, je refuse (WHAT ?! Non sérieux… je me félicite de mon bon sens !). On mange avant de toute façon car de gros nuages noirs arrivent, avec des coups de tonnerre et des gouttes d’eau (la pluie Auriane, la pluie). Bref, tout le tralala qui effraye un randonneur en haut d’un col à plus de 2000m d’alti.
            A part quelques gouttes, on échappera au pire. On redescend tout doucement (moi j’en bave bien avec mes chaussures), et on fait une pause crèpe-café-poule au chalet du lac. C’est marrant, une poule ! 


Quand on repart, de gros nuages noirs nous talonnent. On ne traine pas… Et quand on arrive au camping car, ça tonne un peu.
On échappera quand même aux orages de toute la soirée ! Incroyable…




Jeudi 18 Août

Dernier jour. Comme j’ai mon train à Albertville à 17h, on décampe et on file rejoindre des amis à mes parents (qui ont fait le tour du monde avec mon père en vélo), pour une petite balade ludique faite d’art éphémère et de landart. 



1 commentaire:

  1. Coucou Auriane ! Ça fait un peu stalkeuse, mais je suis retombée sur ton blog, et tes récits (et photos, on va pas se mentir) m'émerveillent toujours autant :) En plus d'une envie TRÈS pressante d'aller randonner (ce sera sans doute dès demain, à l'assaut du Menez Hom ! Rien à voir avec tes montagnes évidemment, mais c'est très beau :)), grâce à cet article j'ai découvert une chanson d'Eluveitie que je ne connaissais pas. En échange, je carbure à ça en ce moment : https://www.youtube.com/watch?v=k1mzP7XLB8A (traditionnel arménien que j'apprends à la harpe, mais sans chanter pour le moment, je ne trouve les paroles nulle part ^^')

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